vendredi 23 janvier 2015

Journal d'Henriette 30 octobre - 4 novembre 1903

30 octobre 1903

C’est la belle fête de l’adoration. J’ai commencé ma journée par une fervente communion. J’ai longuement prié pour tous les miens. J’ai supplié le bon Dieu de me faire connaître ma vocation. Après la messe, Mme Sales et moi avons été offrir une belle gerbe au Saint-Sacrement, puis nous avons fait de la musique aux vêpres, l’abbé Guiraudin nous a fait un beau sermon dont voici un petit résumé.
Pour qu’une église soit réellement consacrée, il ne suffit pas seulement de l’asperger avec de l’eau bénite et de l’oindre avec de saintes huiles mais il faut que la Sainte victime vienne la consacrer de son sang. Nos cœurs doivent être des tabernacles vivants où nous devons recevoir Notre Seigneur. Or, pour nous donner un exemple du désir que nous devons avoir, ouvrons l’Evangile et regardons la parabole de Zachée. Zachée était le chef des publicains, c’est-à-dire qu’il était chargé de prélever l’impôt. Or, la Judée était grande et Zachée très occupé par cette charge. Les publicains n’étaient guère aimés car le peuple leur reprochait de prélever pour leur compte une large part sur les impôts. Zachée avait entendu parler des miracles de Jésus et voulait le voir. Oui, à tout prix, il voulait voir celui que l’on nommait le grand thaumaturge. Un jour, le bruit court dans la ville que Jésus approche de Jéricho escorté par une foule de gens. A cette nouvelle, Zachée sent croître son désir. Il abandonne ses affaires. Franchir les murs de la ville et suivre la foule. Mais par malheur, Zachée est petit ; comment pourrait-il voir Jésus et lui parler ? Son grand désir le rend ingénieux. Il court en avant, grimpe sur un arbre et se fait un observatoire d’une branche. De là, il pourra voir l’objet de son désir. Dans la foule se trouvent des personnages qui se gaussent de Zachée. Mais lui semble ne rien remarquer. Il voit celui qu’il voulait voir, cela lui suffit. Dieu qui voit ce qui se passe dans le cœur des hommes connaissait le désir de Zachée. C’est pour lui qu’il est venu en cette ville. Aussi, Jésus lui dit-il avec Sainte Familiarité : Zachée, descendez car aujourd’hui je veux loger chez vous. Dieu aime qu’on le prie simplement. Il aime à être familier avec l’homme. C’est ainsi qu’après sa résurrection, il parla à la pécheresse de Béthanie. Marie-Madeleine pleurait de ne pas retrouver Jésus. Alors Jésus lui dit : Marie. Et elle répondit : Mon Maître et mon Seigneur. Après la Sainte Vierge, Marie-Madeleine est la personne qui a lu plus aimé Notre Seigneur. Mais qu’avait fait Zachée ? Il était descendu du sycomore et arrivé chez lui, il se jette aux pieds de Jésus et lui dit : Seigneur, je donne tous mes biens aux pauvres et si j’ai fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, je suis prêt à rendre quatre fois autant. Quelle équité dans sa justice ! Quelle largesse dans sa charité ! Alors Jésus se tournant vers Zachée, lui dit : Aujourd’hui cette maison a reçu le salut. Celui-ci est aussi un fils d’Israël, car le fils de l’homme est venu pour racheter et sauver ceux qui étaient perdus. L’amitié vraie et sincère est un don divin. Et si l’amitié d’un homme nous est si précieuse, que doit-il en être de celle d’un Dieu ! O Jésus ! Faudra-t-il attendre que vous prononciez votre anathème contre nous pour vous aimer ! Non, non, ne le permettez pas. Faites que tous les jours nous vous aimions de plus en plus afin d’avoir le bonheur de vous posséder pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il.
M. Guiraudin est le curé de la paroisse Sainte-Ursule à Pézenas. Après ce bon sermon, nous sommes allées chez Madame Sales où nous nous sommes amusées jusqu’à 6 heures. Enfin, à 10 heures du soir, je me suis couchée, heureuse d’avoir passé une aussi bonne journée.

31 octobre 1903


Matinée tranquille. L’après-midi avec mes sœurs, nous avons aidé à monter le fourrage dans le grenier. De une heure à cinq heures, nous nous sommes roulées sur le foin. Avec nos cheveux au vent et notre fourche à la main, dans ce sombre grenier on aurait pu nous prendre pour trois diablesses ! J’ai reçu une carte de Geo. Après dîner nous avons eu la visite de Mme Sales. 

1er novembre

Journée très recueillie. Le matin, fervente communion ; le soir, visite au cimetière. J’ai longuement prié sur la tombe de nos chers morts. Mme Sales a passé toute la journée avec nous. La confection des couronnes et un peu de musique ont pris tout notre temps. A cinq heures, promenade sentimentale au pont de Merdary.

2 novembre

Journée passée dans la tristesse à cause de la fête des morts.

3 novembre

Cette journée a été bien remplie. Visite de Maria et de sa mère. Longue promenade sur le causse.

4 novembre

Rien de nouveau sous le soleil.



1 commentaire:

Armelle a dit…

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