30 octobre 1903
C’est la belle fête de l’adoration. J’ai commencé ma
journée par une fervente communion. J’ai longuement prié pour tous les miens. J’ai
supplié le bon Dieu de me faire connaître ma vocation. Après la messe, Mme
Sales et moi avons été offrir une belle gerbe au Saint-Sacrement, puis nous
avons fait de la musique aux vêpres, l’abbé Guiraudin nous a fait un beau
sermon dont voici un petit résumé.
Pour qu’une église soit réellement consacrée, il ne
suffit pas seulement de l’asperger avec de l’eau bénite et de l’oindre avec de
saintes huiles mais il faut que la Sainte victime vienne la consacrer de son
sang. Nos cœurs doivent être des tabernacles vivants où nous devons recevoir
Notre Seigneur. Or, pour nous donner un exemple du désir que nous devons avoir,
ouvrons l’Evangile et regardons la parabole de Zachée. Zachée était le chef des
publicains, c’est-à-dire qu’il était chargé de prélever l’impôt. Or, la Judée était
grande et Zachée très occupé par cette charge. Les publicains n’étaient guère
aimés car le peuple leur reprochait de prélever pour leur compte une large part
sur les impôts. Zachée avait entendu parler des miracles de Jésus et voulait le
voir. Oui, à tout prix, il voulait voir celui que l’on nommait le grand
thaumaturge. Un jour, le bruit court dans la ville que Jésus approche de Jéricho
escorté par une foule de gens. A cette nouvelle, Zachée sent croître son désir.
Il abandonne ses affaires. Franchir les murs de la ville et suivre la foule.
Mais par malheur, Zachée est petit ; comment pourrait-il voir Jésus et lui
parler ? Son grand désir le rend ingénieux. Il court en avant, grimpe sur
un arbre et se fait un observatoire d’une branche. De là, il pourra voir l’objet
de son désir. Dans la foule se trouvent des personnages qui se gaussent de Zachée.
Mais lui semble ne rien remarquer. Il voit celui qu’il voulait voir, cela lui
suffit. Dieu qui voit ce qui se passe dans le cœur des hommes connaissait le désir
de Zachée. C’est pour lui qu’il est venu en cette ville. Aussi, Jésus lui
dit-il avec Sainte Familiarité : Zachée, descendez car aujourd’hui je veux
loger chez vous. Dieu aime qu’on le prie simplement. Il aime à être familier
avec l’homme. C’est ainsi qu’après sa résurrection, il parla à la pécheresse de
Béthanie. Marie-Madeleine pleurait de ne pas retrouver Jésus. Alors Jésus lui
dit : Marie. Et elle répondit : Mon Maître et mon Seigneur. Après la
Sainte Vierge, Marie-Madeleine est la personne qui a lu plus aimé Notre
Seigneur. Mais qu’avait fait Zachée ? Il était descendu du sycomore et
arrivé chez lui, il se jette aux pieds de Jésus et lui dit : Seigneur, je
donne tous mes biens aux pauvres et si j’ai fait tort à quelqu’un en quoi que
ce soit, je suis prêt à rendre quatre fois autant. Quelle équité dans sa
justice ! Quelle largesse dans sa charité ! Alors Jésus se tournant
vers Zachée, lui dit : Aujourd’hui cette maison a reçu le salut. Celui-ci
est aussi un fils d’Israël, car le fils de l’homme est venu pour racheter et
sauver ceux qui étaient perdus. L’amitié vraie et sincère est un don divin. Et
si l’amitié d’un homme nous est si précieuse, que doit-il en être de celle d’un
Dieu ! O Jésus ! Faudra-t-il attendre que vous prononciez votre anathème
contre nous pour vous aimer ! Non, non, ne le permettez pas. Faites que
tous les jours nous vous aimions de plus en plus afin d’avoir le bonheur de
vous posséder pendant toute l’éternité. Ainsi soit-il.
M. Guiraudin est le curé de la paroisse Sainte-Ursule à
Pézenas. Après ce bon sermon, nous sommes allées chez Madame Sales où nous nous
sommes amusées jusqu’à 6 heures. Enfin, à 10 heures du soir, je me suis couchée,
heureuse d’avoir passé une aussi bonne journée.
31 octobre 1903
Matinée tranquille. L’après-midi avec mes sœurs, nous
avons aidé à monter le fourrage dans le grenier. De une heure à cinq heures,
nous nous sommes roulées sur le foin. Avec nos cheveux au vent et notre fourche
à la main, dans ce sombre grenier on aurait pu nous prendre pour trois
diablesses ! J’ai reçu une carte de Geo. Après dîner nous avons eu la
visite de Mme Sales.
1er novembre
Journée très recueillie. Le matin, fervente
communion ; le soir, visite au cimetière. J’ai longuement prié sur la
tombe de nos chers morts. Mme Sales a passé toute la journée avec nous. La
confection des couronnes et un peu de musique ont pris tout notre temps. A cinq
heures, promenade sentimentale au pont de Merdary.
2 novembre
Journée passée dans la tristesse à cause de la fête
des morts.
3 novembre
Cette journée a été bien remplie. Visite de Maria et
de sa mère. Longue promenade sur le causse.
4 novembre
Rien de nouveau sous le soleil.
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La suite !!!!!
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