23 octobre 1903
Journée tranquille ; calme plat.
24 octobre 1903
Rien d’important.
25 octobre 1903
Journée commencée par une messe bien entendue. Après-midi
très agréable passée à la campagne en compagnie de Mme Sales et de la famille
Lagarde. Depuis quelques jours j’attends en vain des nouvelles de G. [Georges
M., dit Geo] Je n’ai encore rien reçu. J’ose espérer que ce sera pour demain. Le soir,
mon frère est venu en permission. Maman m’a fait une scène terrible. Je ne sais
seulement pas pourquoi. Serait-ce la présence de son fils qui la rendrait si
irascible ? Dans ce cas, malgré tout le bonheur que me donne la présence
de Louis, mieux vaut qu’il reste à Lodève.
26 octobre 1903
Il a plu toute la journée. Orage terrible. Au point de
vue moral, orage encore plus terrible ; tout est à l’unisson. Ma pauvre mère
m’a fait une mine !... Dois-je aller à son devant ? Je me le demande,
car je n’ai rien à me reprocher. Attendons. Enfin ! J’ai reçu une carte de
G. en même temps qu’une de mon cher cousin Henri. Elles ont été un doux réconfort
pour mon cœur. Dans le monde, je n’ai encore pu trouver un être digne de mon
affection. Je veux la donner toute à ma famille et là… on me repousse. O
Dieu ! Vous au moins ne repoussez pas ceux qui vous aiment !
27 octobre 1903
Ce matin, à mon lever, j’ai vu l’Hérault par la
plaine ; à 6 heures du matin, comme Papa conduisait les chevaux à l’abreuvoir,
il a entendu ces cris : au secours ! A nous ! Nous nous
noyons ! Une barque ! C’étaient deux cheminots qui s’étaient laissés
surprendre par l’inondation. Papa est allé au moulin des Prés demander une
barque, et aidé du meunier est parvenu à sauver les deux pauvres malheureux.
Ils étaient dans l’eau depuis 10 heures. Pauvres gens ! Encore un peu et c’en
était fait d’eux. Ils avaient déjà de l’eau jusqu’au cou. Toute la journée il
avait plu. Moralement temps toujours à l’orage.
28 octobre 1903
J’ai fait le premier pas vers ma mère. Nous nous
sommes embrassées. Il pleut toujours. J’ai été faire une longue au Saint
Sacrement. J’en ai profité pour me confesser. Quelle joie de se trouver avec
une conscience tranquille auprès de ce Dieu si bon ! Quand on a goûté à de
telles douceurs, que les joies du monde paraissent insipides !
Je ne sais pas si je vais réussir à identifier ce Georges M., dit Geo ou Géo, dont Henriette semble avoir le béguin...
La mère d'Henriette semble avoir des sautes d'humeur assez désagréables...
Le moulin des Prés se trouve sur l'Hérault, entre Lézignan-la-Cèbe et Pézenas.
La carte postale présentée aujourd'hui a été prise par mon grand-père Achille Gascard, futur mari d'Henriette, mais qu'elle ne connaît pas encore en 1903...
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