11 décembre 1903
Les limiers ont été chez le ??, mais comme ils
ont goûté à notre bon vin, ils ont été satisfaits de l’examen. J’ai reçu une
lettre de Christ. et une jolie carte de mon cousin Henri.
12 décembre 1903
Aujourd’hui j’ai eu le bonheur de communier. L’après-midi,
j’ai été au couvent. C’est toujours avec une égale joie que j’y retourne. Qui
sait ?.. J’y ai rencontré Louise qui a été très gentille pour moi. Il doit
y avoir du Louis là-dessous ? Encore une bonne journée de passée.
13 décembre 1903
J’ai été à la messe par une pluie torrentielle. De
retour à la maison, j’étais trempée comme une soupe. L’après-midi, le temps s’étant
mis au beau, toutes mes amies sont venues me prendre. J’ai préféré rester à la
maison. Nous avons gardé Mme Sales. Pauvre amie ! Les peines lui ont
atteint le moral. Cela lui passera-t-il ? Maman et moi avons été la
raccompagner, lui faisant promettre de venir nous voir tous les jours.
14 décembre 1903
En effet, elle a tenu sa promesse ; sa figure est
moins triste. A trois heures, nous avons eu la visite de Mme Pons. Cela l’a
contrariée, mais la sérénité est revenue presque de suite. Le soir, nous l’avons
raccompagnée chez elle. Espérons que demain elle ira encore mieux.
15 décembre 1903
J’ai reçu une ravissante carte de Géo. Papa nous a
apporté un sac de bonbons délicieux. Aussi, y ai-je fait honneur ! Ma chère
amie va mieux. Si cela dure, dans huit jours, il n’y paraîtra plus.
16 décembre 1903
Merci, mon Dieu ! Merci ! Grâce à vous,
notre situation est sauvée. Nous conservons notre cher Arnet. Quel
bonheur ! Je savais bien que vous ne nous abandonneriez pas ! Oh ma
campagne bien aimée, maintenant que je sais que tu nous seras conservée, je t’aime
doublement. Il me semble que je sors d’un affreux cauchemar, et que je vais
retrouver paix et bonheur dans ta bienheureuse solitude. Oui, je sens qu’aujourd’hui
tu es mienne tandis qu’hier tu ne l’étais pas. Encore une fois, merci mon
Dieu ! Continuez à veiller sur vos enfants. Pour mon compte, je veux vous
aimer tous les jours davantage ! Aujourd’hui, mon amie a eu une très
mauvaise journée. Je lui avais brodé une pochette pensant que cela lui ferait
plaisir ? Cela l’a contrariée. Je ne sais vraiment plus que faire pour la
forcer à sourire et chasser ses idées noires. Le soir, nous avons eu une
dissension avec Papa. Il ne veut pas que j’apprenne le catéchisme à ma
soeurette, disant que c’est un livre inutile. Pour moi, je suis convaincue du
contraire. Aussi, je me cacherai s’il le faut. Mais je continuerai mes leçons d’instruction
religieuse à cette chère enfant. Ce n’est qu’en pratiquant ce que nous enseigne
ce petit livre que l’on parvient à se sauver, et je veux avant tout sauver mon âme
et aider ma petite élève à sauver la sienne. O mon Dieu ! Aidez-moi à bien
remplir mon devoir d’éducatrice !
17 décembre 1903
Il pleut. Adieu la promenade projetée. J’ai fait les
premières avances à Papa qui m’a pardonné dans un baiser les paroles piquantes
d’hier soir.
18 décembre 1903
Il pleut toujours. L’Hérault inonde tout. J’ai joué
aux cartes avec Papa.
19 décembre 1903
Vraiment ! C’est le déluge ! J’ai reçu une
carte de Gabriel. C’est une femme à demi-nue perchée sur un rocher. On dirait
un obélisque. Louis m’a également écrit. Il craint de ne pouvoir venir
pour le 1er janvier. Pauvre chéri ! Quelles tristes vacances je
passerai sans toi ! Soumise nous a donné deux jolis petits chiens, Philos
et Saïda. Le soir, petit Père et moi avons joué aux cartes. Je lui ai gagné dix
tours.
20 décembre 1903
Toujours de la pluie !
Sur la photo, c'est la petite élève dont parle Henriette : Claire, sa petite soeur (1890-1966). Ici vers vingt ans.
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