21 décembre 1903
Enfin ! Il a cessé de pleuvoir ! J’ai brodé
une nouvelle pochette pour Mme Sales.
22 décembre 1903
O bel astre ! Qu’il était temps de te voir réapparaître !
J’ai reçu la visite de Mme Sales, de Maria et de sa tante. Mon frère étant en
manœuvres à Clermont, petit Père a été le voir, ce qui a été une vraie joie
pour tous les deux. Mais, de retour, le temps étant très obscur, Papa s’est
laissé tomber et s’est emporté toute la joue droite. C’est bien le cas de dire
qu’il n’y a pas de bonheur parfait en ce monde.
23 décembre 1903
Encore une belle journée. Mais à cinq heures, le ciel
s’est couvert d’épais nuages. Fera-t-il beau demain ?
24 décembre 1903
C’est le déluge universel ! Les chemins sont
transformés en torrents ! Tout est submergé ! La voie qui est notre
chemin de ressource en temps de grosses pluies ressemble à une rivière. Adieu
notre belle fête de Noël ! La famille Viguier est montée à la campagne,
mais à neuf heures, j’ai dû me retirer tant je souffrais de mes engelures. Pour
la première fois que j’en ai, je suis généreusement servie ! Bon petit Jésus,
quelle vilaine nuit vous avez choisie pour venir en ce monde ? Laissez-moi
espérer que les cœurs qui auront le bonheur de vous recevoir seront un peu plus
chauds ! Quant à moi, puisque le bonheur de vous posséder m’est refusé, je
vous prie, cher petit Jésus, de venir dans mon pauvre et triste petit cœur, par
votre Sainte grâce.
25 décembre 1903
Mon soleil radieux salue cette belle journée. Maman,
mes sœurs et moi sommes allées à la grande messe. De retour à la maison, nous y
avons trouvé Hippolyte Lonjon qui venait nous présenter sa femme. Elle me paraît
fort gentille. A cinq heures, nous avons été les raccompagner à la gare.
26 décembre 1903
Quelle belle journée ! Mais, si le ciel était
sans nuages, nous étions bien soucieux. Monsieur V. a été vendu. Ce qui fait
que le vin qui est dans la citerne va partir pour Cazouls. Espérons qu’encore
une fois nous en serons quittes pour la peur. J’ai reçu la visite de Maria et
de sa mère. J’ai remis à mon amie une lettre anonyme que l’on m’a envoyée, et
dans laquelle l’on me fait part de son mariage avec Louis Christol. Nous en
avons ri ensemble. Moi qui croyais aller à la noce, j’y suis pour mes frais.
27 décembre 1903
Aujourd’hui j’ai une intention particulière dans mes
prières pour Géo. Il a 21 ans. A l’occasion de son anniversaire, je lui ai
envoyé une très jolie carte. L’après-midi, j’ai été à Pézenas avec Mme Sales. J’ai
passé deux heures charmantes au couvent. En arrivant à la maison, quelle n’a
pas été ma surprise d’y trouver Madame et Monsieur V. Notre expédition à
Cazouls n’a pas réussi. Les futs ont été saisis. Et le vin qui se trouve dans
la citerne va aller à l’Hérault. 700 hectolitres ! Quelle perte !
28 décembre 1903
Journée triste.
29 décembre 1903
Henri Sales arrive ce soir pour les vacances du jour
de l’An. Hélas ! Elles s’annoncent bien tristes !
30 décembre 1903
Mon frère chéri est ici ; quel bonheur !
31 décembre 1903
Journée pluvieuse. J’ai reçu une très jolie carte de
Mimi-Loulou et de Géo. Soirée charmante passée en famille. J’ai fait une
manille avec Louis, contre papa et Claire. Ils nous ont brossés dans les
grandes largeurs ! Voilà 1903 d’enterré ! Que 1904 nous soit plus
favorable !
Si la fin de l'année est pour nous synonyme de fêtes, victuailles et cadeaux, c'est loin d'être le cas en Languedoc à la veille de 1904. Le père Noël n'a pas encore été inventé !
On sent bien les inquiétudes liées aux conséquences de la baisse de la taxe sur le sucre : le vin jeté dans l'Hérault...
Ce qui me frappe, c'est le froid, les engelures... La maison n'est visiblement que très peu chauffée.. Et les chambres ne le sont sûrement pas.
Sur la photo : Louis et Claire, le frère et la soeur d'Henriette
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