13 octobre 1903
J’ai quitté mon lit ce matin à 10 heures et me suis
distraite de mon mieux jusqu’à deux heures de l’après-midi. A ce moment, tous
en chœur sont venus me raccompagner à Arnet. Quelle joie de retrouver ma
famille en bonne santé après six grands jours d’absence ! Lorsqu’ils sont
repartis je les ai vus s’en aller sans un soupir, sans un regret. Le soir, je
me suis couchée de très bonne heure afin de réparer le temps perdu. J’ai reçu
une carte de Géo. Elle m’a laissée entièrement froide.
14 octobre 1903
Journée très remplie ; le soir à 8 heures cruelle
séparation ; départ de mon frère pour le régiment. En revenant de la gare,
nous avons rencontré notre amie Mme Sales. Elle est venue nous accompagner avec
son mari jusqu’à la campagne. J’ai passé en leur compagnie une heure charmante
où je n’ai vécu que de souvenirs. Avant de nous séparer, nous avons dansé la
troïka et chanté : Oiseaux légers. Ce petit concert m’aurait manqué.
15 octobre 1903
Journée très occupée. J’ai reçu une carte de Gaby signée :
nuit du 12. Dieu ! Qu’elle est laide ! Elle représente un homme et
une horrible femme qui s’embrassent. Il a écrit dessus :
Grand aveugle ô combien est de tout temps l’amour
Pourquoi ne peux-tu pas, cruel, durer toujours ?
Pauvre garçon, que t’es nigaud ! Pourquoi perdre
ton temps à m’aimer ? ai-je le temps de m’occuper de ça ? D’ailleurs,
c’est bien juré, je ne veux pas aimer. C’est trop bête, et j’aime trop ma
liberté.
L’après-midi, j’ai fait une partie de croquet avec mes
sœurs et une de leurs petites amies, Madeleine Nourrigat. Cela a évoqué en moi
de bien tristes souvenirs en même temps que de douces pensées.
Oiseaux légers est une mélodie de Ferdinand Gumpert, compositeur allemand, publiée en 1900.
Pour avoir une idée de ce qu'est la troïka, allez voir ici.
Pour avoir une idée de ce qu'est la troïka, allez voir ici.
Henriette a plusieurs soupirants, dirait-on...
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