dimanche 1 mars 2015

Journal d'Henriette 11 - 20 décembre 1903

11 décembre 1903

Les limiers ont été chez le ??, mais comme ils ont goûté à notre bon vin, ils ont été satisfaits de l’examen. J’ai reçu une lettre de Christ. et une jolie carte de mon cousin Henri.

12 décembre 1903

Aujourd’hui j’ai eu le bonheur de communier. L’après-midi, j’ai été au couvent. C’est toujours avec une égale joie que j’y retourne. Qui sait ?.. J’y ai rencontré Louise qui a été très gentille pour moi. Il doit y avoir du Louis là-dessous ? Encore une bonne journée de passée.

13 décembre 1903

J’ai été à la messe par une pluie torrentielle. De retour à la maison, j’étais trempée comme une soupe. L’après-midi, le temps s’étant mis au beau, toutes mes amies sont venues me prendre. J’ai préféré rester à la maison. Nous avons gardé Mme Sales. Pauvre amie ! Les peines lui ont atteint le moral. Cela lui passera-t-il ? Maman et moi avons été la raccompagner, lui faisant promettre de venir nous voir tous les jours.

14 décembre 1903

En effet, elle a tenu sa promesse ; sa figure est moins triste. A trois heures, nous avons eu la visite de Mme Pons. Cela l’a contrariée, mais la sérénité est revenue presque de suite. Le soir, nous l’avons raccompagnée chez elle. Espérons que demain elle ira encore mieux.

15 décembre 1903

J’ai reçu une ravissante carte de Géo. Papa nous a apporté un sac de bonbons délicieux. Aussi, y ai-je fait honneur ! Ma chère amie va mieux. Si cela dure, dans huit jours, il n’y paraîtra plus.

16 décembre 1903

Merci, mon Dieu ! Merci ! Grâce à vous, notre situation est sauvée. Nous conservons notre cher Arnet. Quel bonheur ! Je savais bien que vous ne nous abandonneriez pas ! Oh ma campagne bien aimée, maintenant que je sais que tu nous seras conservée, je t’aime doublement. Il me semble que je sors d’un affreux cauchemar, et que je vais retrouver paix et bonheur dans ta bienheureuse solitude. Oui, je sens qu’aujourd’hui tu es mienne tandis qu’hier tu ne l’étais pas. Encore une fois, merci mon Dieu ! Continuez à veiller sur vos enfants. Pour mon compte, je veux vous aimer tous les jours davantage ! Aujourd’hui, mon amie a eu une très mauvaise journée. Je lui avais brodé une pochette pensant que cela lui ferait plaisir ? Cela l’a contrariée. Je ne sais vraiment plus que faire pour la forcer à sourire et chasser ses idées noires. Le soir, nous avons eu une dissension avec Papa. Il ne veut pas que j’apprenne le catéchisme à ma soeurette, disant que c’est un livre inutile. Pour moi, je suis convaincue du contraire. Aussi, je me cacherai s’il le faut. Mais je continuerai mes leçons d’instruction religieuse à cette chère enfant. Ce n’est qu’en pratiquant ce que nous enseigne ce petit livre que l’on parvient à se sauver, et je veux avant tout sauver mon âme et aider ma petite élève à sauver la sienne. O mon Dieu ! Aidez-moi à bien remplir mon devoir d’éducatrice !

17 décembre 1903

Il pleut. Adieu la promenade projetée. J’ai fait les premières avances à Papa qui m’a pardonné dans un baiser les paroles piquantes d’hier soir.

18 décembre 1903

Il pleut toujours. L’Hérault inonde tout. J’ai joué aux cartes avec Papa.

19 décembre 1903

Vraiment ! C’est le déluge ! J’ai reçu une carte de Gabriel. C’est une femme à demi-nue perchée sur un rocher. On dirait un obélisque. Louis m’a également écrit. Il craint de ne pouvoir venir pour le 1er janvier. Pauvre chéri ! Quelles tristes vacances je passerai sans toi ! Soumise nous a donné deux jolis petits chiens, Philos et Saïda. Le soir, petit Père et moi avons joué aux cartes. Je lui ai gagné dix tours.

20 décembre 1903

Toujours de la pluie !

Sur la photo, c'est la petite élève dont parle Henriette : Claire, sa petite soeur (1890-1966). Ici vers vingt ans. 


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